2 octobre 2008

N 7 : la manif surprise des salariés d’Altis




DU JAMAIS-VU depuis dix ans. Entre 100 à 200 salariés d’Altis ont bloqué hier durant une heure, dans le calme, la N 7, devant l’usine à Corbeil. Un coup de force imprévu en forme de « coup de gueule » après des mois d’attente et de stress. Depuis un an, l’entreprise de semi-conducteurs est suspendue au bon vouloir du groupe russe GIS, sur les rangs pour reprendre le site.

Seule solution pour la survie des 3 000 emplois directs et indirects. Et le temps presse. Fin 2010, les deux actionnaires et clients IBM et Infineon se seront définitivement retirés.« On n’y croit plus, lâche cet ouvrier, depuis trente ans à Altis.
La direction ne nous parle plus. On nous fait croire au Père Noël. » Et tous de souligner leur patience exemplaire jusque-là. « Ça fait deux ans que le plan social traîne, détaille un autre. On n’a jamais fait grève. On a fait des efforts. Mais là, on dit stop. » « On nous amène tout doucement vers la fin, croit cet ouvrier, qui teste les puces électroniques. De toute façon, même s’il y a un repreneur, il y aura des suppressions de postes. A 51 ans, j’ai un métier. Mais pour trouver dans la région… »Soutenus par les syndicats CGT, CFTC et FO (la CFDT s’est désolidarisée par « crainte d’affaiblir et de décrédibiliser le mouvement »), les ouvriers veulent « la vérité » sur leur avenir.
« On est prêts à entendre qu’on va fermer mais qu’on nous le dise franchement », lâche à bout un employé.
« Les salariés qui sont là aujourd’hui ne sont pas des fous furieux, explique Didier Lecas, de la CFTC. Mais des gens inquiets, qui ont l’impression d’être méprisés, face à une direction, des actionnaires, qui fuient leurs responsabilités. »En partance pour l’Assemblée nationale, le député-maire UMP d’Etampes, Franck Marlin, est venu soutenir les salariés. Sur ses talons, le conseiller général UMP Patrick Imbert est arrivé. « Je m’associe au mépris que vous ressentez, lâche le député. Il faut qu’on nous dise la vérité. Je vais rappeler le cabinet de la ministre de l’Economie.
Soi-disant, on devait avoir des nouvelles avant fin septembre. »
Le 14 octobre, les machines s’arrêteront. Un préavis de grève a été déposé.
Le Parisien
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