5 novembre 2008

Emploi des seniors : l'Etat garde le cap malgré la remontée du chômage

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[ 05/11/08 ]
Le gouvernement veut que les employeurs s'inspirent des bonnes pratiques de dix entreprises en faveur de l'emploi des salariés âgés.
Les syndicats ne croient pas à l'efficacité des mesures en faveur des seniors en période de crise.
Jouer sur les départs anticipés à la retraite pour réduire les effectifs, « c'est fini », a martelé hier Laurent Wauquiez, et l'emploi des seniors reste « une priorité » malgré la crise.
Le secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi et Xavier Bertrand, ministre du Travail, ont lancé l'opération Bonnes pratiques seniors. Objectif : faire remonter le taux d'emploi des salariés de plus de 55 ans, qui, à 38 %, est l'un des plus faibles du Vieux Continent (voir graphique). L'ensemble des pays d'Europe visent un taux de 50 % en 2010, qui est aujourd'hui considéré comme inatteignable, a fortiori avec le retournement du marché de l'emploi. Mais ce serait « un mauvais raisonnement » que de chercher à améliorer la compétitivité « en mettant les seniors dehors », souligne Laurent Wauquiez. Plusieurs mesures inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale visent à favoriser le maintien des salariés âgés dans les entreprises (lire ci-contre).
L'une d'entre elles instaurera une pénalité à compter de 2010 pour les sociétés qui n'agissent pas d'ici là en faveur de l'emploi des personnes de plus de 55 ans. Pour les y aider, le gouvernement va faire recenser les pratiques en faveur des seniors dans dix entreprises (lire ci-dessous). Elles seront auditées par le cabinet de notation sociale Vigeo, qui publiera un rapport en février. Ce sera « une boîte à outils des bonnes pratiques », a expliqué Nicole Notat, présidente de Vigeo.
Sceptique
Mais les syndicats sont sceptiques sur l'impact de cette initiative, comme sur celui des mesures législatives. « C'est la méthode Coué, réagit Bernard Devy, secrétaire confédéral Force ouvrière. Etant donné la situation de l'emploi aujourd'hui, certaines entreprises n'ont malheureusement pas d'autre solution que de faire partir les seniors par des mesures d'âge. C'est le cas notamment chez Sanofi-Aventis, et les exemples vont se multiplier.
La situation dramatique que connaît l'industrie automobile obligera le gouvernement à accepter des compromis. »
Pour l'heure, l'Etat se montre ferme vis-à-vis des entreprises qui recourent aux plans sociaux (il a notamment refusé les mesures d'âge chez Renault), mais la pression risque de s'accentuer. Et il sera très difficile de taxer les mauvais élèves en 2010.
« Les entreprises ne le diront pas, parce que ce n'est plus politiquement correct, mais elles feront partir les salariés les plus âgés lorsqu'elle voudront réduire leur effectif, renchérit Jean-Christophe Le Duigou (CGT). Le gouvernement prend le problème à l'envers. Tant qu'on n'aura pas fait remonter le taux d'emploi global, toute mesure pour maintenir les seniors dans les entreprises se traduira par un accès plus difficile à l'emploi pour les salariés des autres tranches d'âge. »
Xavier Bertrand espère mettre un terme aux échecs « de la droite et de la gauche confondues » dans ce domaine. Le ministre aimerait aussi que le coût des salariés seniors soit moins élevé pour les entreprises. Il a réitéré hier sa proposition de supprimer les cotisations chômage pour les salariés de plus de 60 ans (« Les Echos » du 20 octobre). « C'est une piste de réflexion, a dit le ministre.
Aux partenaires sociaux d'en débattre. »
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