27 mai 2009

L'industrie des semi-conducteurs en plein marasme

==================================================================

Restera-t-il encore des unités de production de semi-conducteurs en France après la crise ? Depuis le début de l'année, les menaces sur l'emploi dans ce secteur s'accumulent.
Lundi 25 mai, la direction d'Altis Semiconductor, à Corbeil-Essonnes (Essonne), a annoncé aux quelque 1 500 salariés du site, le départ prévu de 400 d'entre eux. Fin avril, c'était les 1 900 salariés de Freescale Toulouse, à qui leurs patrons américains signifiaient leur volonté d'arrêter la production du site en 2011, compromettant l'avenir de 800 personnes





Les 2 000 salariés français de ST-Ericsson (répartis entre Le Mans, Grenoble, Sophia Antipolis près de Nice, Caen et Paris), redoutent quant à eux l'officialisation de réductions de postes, lors d'un comité central d'entreprise, le 4 juin. Leur employeur, la coentreprise entre STMicroelectronics et Ericsson, a prévu de supprimer 1 200 postes dans le monde, surtout en Europe.
La crise explique évidemment en partie ces annonces. Freescale, qui fabrique des circuits intégrés pour l'automobile, subit de plein fouet l'effondrement des ventes de voitures. Les fabricants d'ordinateurs et de téléphones mobiles, clients d'Altis et de ST-Ericsson, enregistrent les plus forts fléchissements de la demande de leur histoire. Les ventes mondiales de téléphones mobiles ont baissé de 8,6 % en volume au premier trimestre 2009, selon le cabinet Gartner, qui prévoit aussi une chute de 11,9 % en volume des ventes de PC.
Mais la crise ne justifie pas tout, estiment les syndicats. Ils soupçonnent leur direction de se servir de ce prétexte pour accélérer des délocalisations prévues de longue date. Chez Freescale, à Toulouse, ils craignent une relocalisation de la production en Chine où est déjà partie l'activité de tests. Les syndicats bataillent toujours pour préserver les emplois, mais ont commencé à discuter indemnités de départ avec la direction. Ils mettent la barre très haut : 150 000 euros de prime, plus deux mois de salaire par année d'ancienneté.

"Pas question de descendre aux 20 000 euros de prime que voudrait imposer la direction", avertit Eric Hirson, délégué CGT. Selon des sources proches du dossier,
"il y a encore un espoir de sauver la partie recherche et développement du groupe (un peu moins de 250 postes)", en trouvant éventuellement un repreneur.
"TOUT VA PARTIR VERS L'ASIE"
Dans le cas d'Altis, les deux actionnaires principaux, IBM et Infineon, avaient déjà annoncé il y a trois ans qu'ils comptaient se désengager du site de Corbeil-Essonnes avant fin 2009. La piste d'un actionnaire russe, qui aurait un temps été intéressé par une reprise, "s'est évanouie", affirme-t-on à Bercy, qui suit le dossier de près. La solution qui aujourd'hui tiendrait la corde serait celle d'une reprise du site par sa direction actuelle (en "LBO", rachat avec fort endettement de la société). IBM et Infineon s'engageraient à rester clients du site pour lui assurer un certain niveau de production.

"Nous craignons qu'IBM et Infineon laissent à d'autres la responsabilité d'un plan social massif", s'inquiète cependant Michel Fourgeaud, délégué CFDT.

Les syndicats attendent toujours une réunion avec le secrétaire d'Etat à l'industrie, Luc Chatel, promise, selon eux, par ce dernier pour mai lors d'une rencontre en mars. M. Chatel a déclaré à l'AFP, le 12 mai, qu'il travaillait à "des mesures d'accompagnement" pour le secteur.

"Si on ne fait rien, tout va partir vers l'Asie", a-t-il estimé.
Cécile Ducourtieux


LE MONDE 27.05.09 15h39 • Mis à jour le 27.05.09 15h39
====================================================================================