19 avril 2010

Réforme des retraites : les syndicats haussent le ton

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Bernard Thibault (CGT) accuse Eric Woerth de tenir un «double langage», François Chérèque (CFDT) évoque une «rentrée sociale importante». Le ministre du Travail reproche aux syndicats de ne pas s'impliquer dans la réforme.

Face à un Bernard Thibault très offensif, Eric Woerth a cherché à calmer le jeu hier alors que la concertation en vue de la réforme des retraites entre dans sa deuxième semaine. Le secrétaire général de la CGT a accusé le ministre du Travail de « double langage ». « J'ai demandé une réunion des syndicats, du patronat et du gouvernement pour confronter les positions, explique le leader cégétiste dans "Le Journal du dimanche". Le ministre n'a pas refusé. Mais, dans l'heure qui a suivi, son cabinet a fait savoir aux journalistes qu'il n'en serait pas question. »


Eric Woerth a assuré hier sur Europe 1 qu'il n'y avait « aucun double langage » ni « aucun passage en force ». Il a reconnu qu'il ne voulait pas de « grand-messes » réunissant l'ensemble des organisations syndicales, que la CGT réclame selon lui pour leur donner une « ampleur politique ». Son entourage expliquait récemment qu'elles étaient souvent le théâtre de « surenchères stériles ». Le gouvernement a décidé de faire des réunions bilatérales, syndicat par syndicat. « En bilatérales, on va beaucoup plus loin », a jugé Eric Woerth. Le ministre a ensuite reproché aux syndicats de ne pas s'impliquer dans la réforme. « Ils disent : c'est l'affaire du gouvernement […], augmentez les cotisations et on en reste là. »

Régler le problème dans la durée

Le gouvernement recevra cette semaine les syndicats de fonctionnaires. Eric Woerth démarre aussi ses entretiens avec les leaders des partis politiques.

La CFDT, elle, continue de défendre une réforme plus vaste que celle qui se profile. « Le rapport du Conseil d'orientation des retraites démontre que ne toucher qu'à un paramètre ne va pas du tout régler le problème sur la durée », a insisté François Chérèque lors d'une conférence de presse vendredi. Selon le secrétaire général de la CFDT, ne jouer que sur les paramètres de l'âge et de la durée reviendra « à mettre l'assurance-chômage en difficulté, ce qui contraindra les partenaires sociaux à augmenter les cotisations ou baisser les allocations ». Faute d'une réforme juste, « il pourra y avoir, pour une fois, une rentrée sociale importante » en septembre.

Aujourd'hui, les responsables retraites des syndicats (sauf FO) se réuniront pour tenter d'établir une plate-forme commune. « On va confronter nos vues et tenter d'aller le plus loin possible. Mais ce sera compliqué et il ne faut non plus tomber dans une "illusion" d'accord entre centrales comme en 2003 », a commenté François Chérèque.
Dans sa lettre « d'interpellation » au gouvernement avant le sommet social de mai, l'intersyndicale rappelle qu'elle « n'acceptera pas de passage en force » ou une réforme ne jouant que sur la durée d'activité. Selon elle, toute réforme « doit garantir la pérennité du système par répartition en assurant son financement et en corrigeant les inégalités ».


VINCENT COLLEN ET DEREK PERROTTE, Les Echos
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