

Les oligarques sont nombreux à investir dans l'Hexagone. Avec un faible pour l'immobilier et le luxe, mais aussi pour des
secteurs plus sensibles. Eric Chol
L’EXPRESS.fr du 04/03/2008
Quand, en août 2007, les 1 500 employés d'Altis SEmiconductor apprennent qu'ils vont être vendus à un groupe russe, ils éprouvent un sentiment de soulagement et de surprise. Certes, l'annonce par les deux actionnaires, IBM et Infineon, met fin à de longs mois d'incertitudes quant à l'avenir du site de Corbeil-Essonnes. Mais les syndicats s'interrogent: qui est ce mystérieux holding GIS, pour Global Information Service, inconnu des professionnels du secteur? Faut-il croire le quotidien russe Kommersant, qui croit voir derrière ces trois lettres le vendeur d'armes Rosoboronexport? Pourquoi la cession, censée être bouclée en décembre 2007, n'a-t-elle toujours pas été conclue? Les questions restent sans réponse. Les dirigeants russes de GIS sont bien venus rencontrer le personnel d'Altis pour exposer leur projet. Mais leur identité reste floue: officiellement, GIS serait une émanation de la Chambre de commerce russe, de l'Académie des sciences et du Fonds fédéral russe pour le développement de l'électronique. Après une enquête de Bercy et du ministère de la Défense, la France a fini par donner son feu vert au rachat, tout en gardant la confidentialité sur les résultats de ses investigations.Loin d'être banale, la cession d'Altis - en cours de finalisation du côté russe - illustre les motivations ambiguës des investisseurs russes en France, un problème déjà soulevé lorsque la banque VTB s'était invitée au capital d'EADS. Or leurs investissements dans l'Hexagone ne cessent de progresser. «Un jour, on les verra racheter une entreprise du CAC 40», parie Thomas Gomart, expert à l'Institut français des relations internationales. Juridiquement, Paris ne dispose guère de moyens de freiner les ardeurs russes. Certes, un décret de décembre 2005 permet de contrôler les investissements étrangers dans 10 secteurs jugés stratégiques. «Mais Gazprom ne rentre pas dans cette classification», relève un haut fonctionnaire. Pour l'heure, le volume des opérations russes reste encore trop faible pour être comptabilisé par Bercy. En réalité, beaucoup d'entre elles transitent par des sociétés offshore, abritées au Luxembourg, à Chypre ou en Suisse (c'est le cas pour Altis, qui sera repris par une société écran, créée le 29 juin 2007 à Zurich et baptisée Advanced Electronic Systems). Mais le cas d'Altis Semiconductor est loin d'être isolé.
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