4 mars 2008

Un rapport veut recentrer la dispense de recherche d'emploi sur les métiers pénibles






415.000 personnes profitent aujourd'hui d'une dispense de recherche d'emploi, contre 280.000 en 1994. Un dispositif qui pourrait être recentré, estime le LIHRE, pour augmenter le taux d'emploi des plus de 55 ans.





[ 04/03/08
L'avant-dernière séance de négociation sur la pénibilité a lieu aujourd'hui. Le laboratoire de recherche sur les ressources humaines et l'emploi prône d'utiliser l'outil de la dispense de recherche d'emploi et de repousser l'âge légal de la retraite.


Le Medef et les syndicats doivent discuter à nouveau aujourd'hui des modalités d'un dispositif de départ anticipé pour les salariés ayant exercé des métiers pénibles, à l'occasion de l'avant-dernière séance de négociation sur ce thème (lire ci-dessous).


La pénibilité est aussi évoquée dans une étude du Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les ressources humaines et l'emploi (LIRHE), transmise au Conseil d'orientation des retraites, qui porte sur les pratiques récentes des entreprises concernant les seniors. Les chercheurs formulent plusieurs préconisations pour augmenter le taux d'emploi des plus de 55 ans, au premier rang desquelles « le resserrement du dispositif de dispense de recherche d'emploi (DRE) autour de critères comme la pénibilité et l'état de santé ». Créée en 1984, cette dispense permet aux salariés ayant atteint 55 ans et 160 trimestres de cotisations, ou ceux ayant atteint 57,5 ans, d'être indemnisés par l'Unedic (allocation chômage) ou par l'Etat (allocation de solidarité spécifique et allocation équivalent retraite) sans avoir à rechercher un poste. Ils sont 415.000 à en profiter, contre 280.000 en 1994.
« Simple critère d'âge »
Le rapport observe que « les cessations anticipées sont en cours de marginalisation. Plus exactement, les pouvoirs publics ont opéré un recentrage très net sur le critère de pénibilité » : départs avant 60 ans pour les carrières longues, limitation du champ des préretraites (CATS), etc. Mais la « DRE reste une exception difficilement compréhensible dans la mesure où elle s'analyse comme une cessation d'activité sur simple critère d'âge ». Elle « pourrait être réservée à d'anciens salariés ayant occupé pendant un certain nombre d'années des travaux classés pénibles, ou dont l'état de santé est affecté », souligne le rapport. Le gouvernement avait annoncé, l'an dernier, la suppression rapide des dispenses de recherche d'emploi, avant de renvoyer le sujet à la négociation sur l'indemnisation du chômage, censée s'ouvrir courant avril.

De l'eau au moulin du Medef
Le LIRHE estime par ailleurs « qu'il faut tout mettre en oeuvre pour favoriser le maintien en activité des salariés », l'enquête montrant que dans les branches étudiées (banque, chimie, BTP, métallurgie), « il n'existe pas de politique en faveur du recrutement des seniors » mais que « des négociations sur la gestion des âges semblent s'amorcer aujourd'hui ». Sur le sujet sensible de la retraite à 60 ans, les chercheurs apportent de l'eau au moulin du Medef en soulignant qu'« on ne peut nier l'attractivité de l'âge légal de la retraite (...) qui dissuade les entreprises d'investir dans l'employabilité des personnes, et les salariés de s'engager dans des parcours de formation. Si l'on veut retarder à brève échéance l'âge moyen de départ à la retraite, il paraît difficile de ne pas poser la question d'un recul de l'âge légal de la retraite ».
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