5 mars 2008

Les salariés de plus en plus tentés par la grève pour défendre leur pouvoir d'achat




Interrogés à la mi-février par Ipsos pour l'Observatoire des acteurs du travail Manpower-LCI-« Les Echos », les salariés sont 52 % à se dire préoccupés par leur salaire et 41 % à anticiper une baisse de leur pouvoir d'achat. Les patrons, quant à eux, réduisent fortement leurs perspectives d'embauche.




Le moral en berne des Français peut s'exprimer dans les urnes aussi bien que dans leur entreprise. Tentés, pour certains, de sanctionner la droite aux élections municipales des 9 et 16 mars, ceux-ci se disent de plus en plus nombreux à vouloir faire grève si un mouvement se déclenche sur leur lieu de travail. C'est, en tout cas, l'un des principaux enseignements à tirer de la cinquième vague trimestrielle de l'Observatoire des acteurs du travail réalisée par Ipsos, en partenariat avec l'institut Manpower, LCI et « Les Echos ».
Les patrons ont conscience de faire face à une situation plus tendue : près d'un sur dix (9 %) s'attend à devoir gérer un conflit social dans les mois qui viennent, contre 4 % en novembre. Le sondage leur donne raison, en évoquant un potentiel de mobilisation en hausse de 4 points sur un trimestre, dans le public comme dans le privé : 53 % des salariés du privé se disent prêts à participer à un éventuel mouvement de grève les concernant, contre 49 % trois mois plus tôt. C'est également le cas de 63 % des fonctionnaires, contre 59 % en novembre.
Le moral se dégrade nettement chez les moins de 35 ans, dont la satisfaction (-7 points) semble inversement proportionnelle à leur degré de stress (+10 points) et d'inquiétude (+5 points). Ils ont été, d'ailleurs, les premiers frappés (+2,1 %) par la recrudescence du chômage, en janvier. C'est également le cas des salariés du secteur public, dont les sentiments négatifs (inquiétude, stress, colère) croissent de 8 points quand leur motivation et leur satisfaction diminuent de 6 points. Le climat est meilleur dans les entreprises privées, où la motivation (+8 points) augmente presque autant que le stress (+9 points).
Les sujets de déception n'ont guère évolué depuis l'automne, mais ils se concentrent de plus en plus sur les questions de pouvoir d'achat. En mai 2000, ce thème provoquait le même degré d'inquiétude que l'emploi et le temps de travail. Les débats sur le niveau d'inflation et le manque de concurrence dans la grande distribution ont propulsé la question des salaires en tête des préoccupations cet automne (51 %), pour atteindre un nouveau record en février (52 %). Les salariés interrogés sont ainsi plus de quatre sur dix (41 %) à redouter une dégradation de leur pouvoir d'achat. Moins de deux sur dix (18 %) anticipent une augmentation. L'emploi (27 %) et le temps de travail (17 %) n'arrivent que très loin derrière.
La confiance dévisse
La donne pourrait changer, mais pas pour des raisons positives, si l'on en croit les inquiétudes formulées, cette fois-ci, par les chefs d'entreprise. Comme en novembre, 35 % d'entre eux entendent augmenter les salaires. En revanche, le nombre de ceux espérant embaucher dans les prochains mois chute. Ils ne sont plus que 26 % dans ce cas, contre 38 % en juillet 2007. C'est l'indicateur qui se dégrade le plus, ce qui peut laisser penser que la baisse du chômage de janvier n'était pas un accident. Autre mauvaise nouvelle : leur confiance vis-à-vis des pouvoirs publics dévisse. En novembre, les chefs d'entreprise étaient 31 % à leur faire confiance pour défendre leurs intérêts. Ils ne sont plus que 24 % aujourd'hui.
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